Des appels qu’il faut écouter

Maurice Capelle

 

Table des matières :

1 - LE CREDO

2 - Aux Pauvres

3 - Aux Isolés

4 - Ce que nous avons vu de nos yeux

5 - Aux Visiteurs de l’Exposition de 1935.

 

1 - LE CREDO

Maurice Capelle

D9

 

« Je crois en Dieu, le Père tout puissant, Créateur du ciel et de la terre… »

Quelle confession ! L’Écriture l’approuve hautement. Elle dit : « Tu crois que Dieu est un ; tu fais bien » (Jacques 2, verset 19). Mais prenons garde car il est ajouté : « les démons aussi croient, et ils frissonnent ». Croire en Dieu ne suffit donc pas. Et si nous devons être sauvés, il nous faut autre chose que cette foi en un Dieu, Créateur des cieux et de la terre. Le diable croit en l’existence de Dieu et il est néanmoins la plus vile et la plus misérable de toutes les créatures.

 

« … et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur ».

Jésus ce nom veut dire « Dieu-Sauveur ». C’est toute la gloire de sa personne et toute la gloire de son œuvre qui sont pour ainsi dire cristallisées dans ce Nom : « car aussi il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés » (Actes 4, verset 12). « Christ » veut dire : oint ou « envoyé ». On envoie généralement quelqu’un dans un but bien défini : pour faire quelque chose ou pour transmettre un message. « Son Fils unique ». Cela signifie que Jésus Christ est l’objet de tout l’amour du Père. Il est le Bien-Aimé du Père. « Notre Seigneur »… ; donc Celui auquel nous devons la soumission la plus absolue et l’obéissance la plus complète.

 

« … qui a été conçu du Saint-Esprit ».

Quel mystère ! L’homme a toujours dans la longue suite des siècles passés, engendré à son image et à sa ressemblance. Mais voici quelqu’Un d’une conception toute divine. Et c’est l’explication de la prophétie d’Ésaïe : « Voici la vierge concevra et elle enfantera un fils, et appellera son nom Emmanuel » (Chapitre 7, verset 14).

 

« … est né de la vierge Marie ».

Jamais Dieu ne conféra honneur plus insigne à une vierge d’Israël. Quelle noblesse et quelle humilité nous trouvons chez Marie. Aussi nous comprenons et nous nous associons du plus profond de nos cœurs à la salutation qu’Élisabeth, sa cousine, lui adresse en ces mots : « Tu es bénie entre les femmes… » Luc 1, verset 42. Et quel saint transport chez Marie ! Son allégresse se donne libre cours dans ce sublime cantique, appelé : « Magnificat ». « Magnificat anima mea Dominum ». « Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit est ravi de joie en Dieu mon Sauveur ». Oui, toutes les générations appelleront Marie : « bienheureuse » (Luc 1:46-48). Mais déjà une ombre apparaît au fond du tableau. Écoutez ce que dit Siméon à Marie, dans le temple de Jérusalem, alors qu’elle et Joseph avaient apporté le petit enfant Jésus pour faire à son égard selon l’usage de la loi : « une épée transpercera ta propre âme » (Luc 2, verset 35). Cette épée, c’est la croix infâme de Golgotha dont la silhouette se profile déjà là-bas à l’horizon… sous un ciel ténébreux. Et ceci nous amène un peu plus loin dans la confession que nos cœurs recueillis murmurent…

 

« … Il a souffert sous Ponce Pilate ».

Qui a souffert ? Jésus a souffert. Oh ! je vous en prie, arrêtons-nous ici un instant ; faisons une halte. Ne récitons pas si vite le Credo. Une phrase comme celle-ci mérite que notre plus vive attention se rive sur son contenu et qu’avec une profonde adoration nous nous inclinions devant la sublime grandeur des actes successifs du plus grand des drames qui aient eu lieu dans le ciel et sur la terre, dans le temps ou dans l’infini de l’éternité. Prosternons-nous devant les indicibles souffrances de Celui que nous appelons : « Son Fils unique ». Et quoi ? Dieu le Père, Tout puissant, Créateur des cieux et de la terre, n’est pas intervenu ? Dieu a donc laissé se perpétrer ce crime inouï ? Oui, chers amis. Ponce Pilate avait reçu le pouvoir d’En-Haut pour sceller la condamnation du Seigneur de gloire et pour ordonner son supplice. La réponse à ce mystère est celle-ci : Dieu voulait sauver les enfants des hommes. C’est pourquoi, sur le gibet du Calvaire, Jésus a été « battu, frappé de Dieu et affligé » (Ésaïe 53, verset 4). Il a pu dire : « pour moi je suis un ver de terre et non pas un homme ; je suis l’opprobre des hommes et le rebut du peuple ». « Omnes qui videbant me, aspernabantur me ». « Mais Il a été blessé pour nos transgressions, Il a été meurtri pour nos iniquités… » Que dire ? Quel misérable commentaire ajouter devant cette charité infinie ? Ah ! combien odieux est le péché aux yeux du Dieu de majesté. Et combien grande est la miséricorde du Dieu d’amour, à l’égard de pauvres coupables.

 

« … a été crucifié, est mort et a été enseveli ».

La mort du Sauveur fut l’accomplissement parfait des paroles bénies qui sortirent de sa bouche. Écoutons-les avec une sainte révérence : « Moi, je suis le bon berger : le bon berger met sa vie pour les brebis » (Jean 10, verset 11). Sur la croix Jésus a attendu, mais en vain, quelqu’un qui compatit à ses maux. Il n’eut qu’outrages et douleurs. Mais des mains pieuses ont enseveli l’Homme de douleur. Et, grâce infinie, les péchés furent ensevelis. L’œuvre est achevée. Lui-même a dit de ses lèvres expirantes : « C’est accompli ». La pierre du tombeau fut scellée, et une garde de soldats fut disposée pour garder le corps de Jésus.

 

« … est descendu aux enfers ».

Enfers signifie ici « hadès » ; c’est le séjour où vont les âmes séparées du corps ; mais en gravissant le Calvaire, Jésus pouvait répéter les paroles du Psaume 16 « Même ma chair reposera en assurance. Car Tu n’abandonneras pas mon âme au shéol, Tu ne permettras pas que ton Saint voie la corruption ».

 

« … le troisième jour est ressuscité d’entre les morts ».

L’apôtre saint Paul dit que Jésus « a été livré pour nos offenses et a été ressuscité pour notre justification ». Chaque péché que nous avons commis est une dette que nous avons contractée envers Dieu. Jésus a payé notre dette. Il a été livré pour nos fautes. Bien plus, Il a été ressuscité pour notre justification., Dans ce monde, on justifie généralement un innocent. Dieu ne fait pas cela : Il justifie des coupables. Notre dette ne demande pas à être payée deux fois, une fois par Jésus-Christ sur la Croix et une fois par nous. Non, la dette payée, Dieu justifie le croyant en Jésus.

 

« … est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant… »

C’est la preuve de l’entière satisfaction du Dieu saint et juste, offensé et outragé par la créature ; Jésus est dans la plus haute exaltation du ciel.

 

« … d’où Il viendra juger les vivants et les morts ».

Jésus ressuscité est le juge des vivants et des morts. Mais qui jugera-t-Il ? Ah ! Il jugera les pécheurs sans repentance. Cher lecteur, si tu ne connais pas maintenant Jésus comme ton Sauveur, tu le connaîtras plus tard comme ton Juge : « Il viendra juger les vivants et les morts ». Abandonne-toi donc à l’efficacité de son sang précieux.

 

« … Je crois au Saint-Esprit ».

Le Saint-Esprit est la puissance de cette vie nouvelle qui a été communiquée aux croyants.

 

« … La Sainte Église catholique ».

Catholique signifie : Universelle. Tous les croyants, le plus riche comme le plus pauvre, font partie de ce corps mystique.

 

« … la communion des saints ».

Cette communion est le fait d’une appréciation commune des grâces et des gloires, des perfections et des beautés de Jésus-Christ.

 

« … La rémission des péchés ».

Saint Pierre s’exprime ainsi : « Tous tes prophètes lui rendent témoignage, que, par son Nom, quiconque croit en Lui, reçoit la rémission des péchés ». Quel don que celui-là ! Lecteur l’as-tu reçu ? C’est pour quiconque croit.

 

« …La résurrection de la chair ».

Elle amènera les trépassés devant Dieu et c’est pourquoi les incrédules et les impies n’aiment pas à en entendre parler. Que dire sinon qu’il n’y a de sécurité qu’auprès de Jésus-Christ.

 

« … la vie éternelle ».

Elle sera la part du racheté. Mais la mort éternelle sera le sort affreux du pécheur sans repentance. Cher lecteur, le vœu de mon cœur, est qu’en répétant les paroles du Credo, nous puissions réaliser toujours plus les sublimes grandeurs des vérités qui y sont contenues. Il en vaut la peine, car n’est-il pas vrai, il s’agit de notre bonheur présent, et de notre félicité éternelle.

 

AMEN.

Jésus a tout quitté, pour venir, sur la terre

Te chercher, te sauver, pauvre pécheur perdu.

Celui qui se chargea de toute ta misère,

Le connais-tu ?

 

Sais-tu ce qu’Il souffrit en montant au Calvaire,

Et ce qu’Il endura, sur le bois attaché ?

Sais-tu que par sa mort, Il paya le salaire

De ton péché ?

 

Ah ! si tu n’as pas vu la grâce et la puissance

De cet Agneau divin qui mourut sur la croix,

Accours : sa douce voix t’appelle avec instance

Regarde et crois !

 

Accepte le pardon, le salut et la vie,

Qu’on trouve par la foi dans son sang précieux

En vérité, son sang est la route bénie

Qui mène aux cieux !

 

« Crois-tu au Fils de Dieu ? » Évangile selon Jean, chap. 9, verset 36 — « Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu… je vous ai écrit ces choses afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez AU NOM DU FILS DE DIEU » Première Épître de Jean, chap. 5, versets 1 et 13.

 

 

 

2 - Aux Pauvres

Maurice Capelle

D11

 

Pauvre ! C’est à vous que je destine ces quelques lignes et, croyez-le, elles sont écrites par un ami qui s’intéresse d’une manière toute spéciale au sort des déshérités, des ignorés, des parias ; en un mot, à tous ceux qui, pour une cause ou pour une autre, sont venus lamentablement échouer au rivage de la misère. Cette petite feuille jetée aux quatre vents des cieux, vous trouvera je ne sais où. Peut-être sera-ce sur le bord d’une route ou sur le trottoir d’une rue, dans quelque ville, tendant la main aux passants. Peut-être sera-ce dans une misérable mansarde, sous les combles d’une masure, dans un quartier populeux d’une grande cité. Cette feuille vous atteindra-t-elle dans l’humble chaumière de quelque hameau perdu ? Qui sait si elle ne vous parviendra pas alors que vous êtes étendu sur un lit d’hôpital, sans ressources et, ce qui est infiniment plus triste, sans un ami qui jamais, jamais ne vient se pencher avec tendresse sur votre infortune ? Aussi, je vous demanderai de prendre connaissance avec attention et sérieux, du message qu’aujourd’hui j’aimerais vous adresser. Si, je vous dis cela, cher ami, c’est parce que le sujet est important et vos plus chers intérêts sont en jeu.

Mais qu’est-ce tout d’abord qu’un pauvre ? Pauvre veut dire : dépourvu ou mal pourvu du nécessaire. Un pauvre est à plaindre, il inspire la pitié. Étant pauvre, vous avez fait sans doute bien des fois, la douloureuse expérience de la dureté du cœur des hommes. Est-ce une raison pour se décourager ? Pas du tout, et je vais vous entretenir un instant de Celui qui fut et qui demeure le grand Ami des pauvres. Il faut, pour comprendre le sort des humains et sympathiser avec eux dans leurs circonstances, avoir vécu ces circonstances. Celui dont je vous parle maintenant a vécu dans la pauvreté. Donc, Il comprend et prend part aux souffrances, car Il a été le vrai pauvre. Comment êtes-vous pauvre ? L’avez-vous toujours été ? Pourquoi l’êtes-vous devenu ? Voilà autant de questions auxquelles je ne saurais répondre. La pauvreté est peut-être pour vous un héritage légué par vos parents, si l’on ose s’exprimer ainsi. Tous ceux qui naissent dans ce monde, n’ouvrent pas leurs yeux au jour, dans un somptueux palais. Qui sait ? Vous avez connu un revers de fortune et après avoir vécu dans l’aisance, je dirai même dans l’opulence, à la suite d’une opération commerciale ou financière qui a mal tourné pour vous, vous portez maintenant ce titre auquel vous n’avez jamais aspiré : vous êtes pauvre. Mais, pour l’Ami dont je vous ai parlé il y a un instant, tout est bien différent. Si vous êtes dépourvu du nécessaire, ce n’est pas de votre gré et je suis persuadé que s’il ne s’agissait que votre volonté, vous ne resteriez pas pauvre une heure de plus. Que de vains efforts n’avez-vous déjà pas tentés pour perdre ce titre que personne n’envie et dont vous êtes chargé comme d’un douloureux fardeau. Tel ne fut pas le cas du vrai Pauvre. Volontairement, par amour pour nous, Il s’est appauvri. Vous me dites : « Mais de quel personnage étrange voulez-vous donc m’entretenir ? » Eh ! bien, j’aime à vous dire son Nom si doux. C’est : Jésus. Personne n’a jamais été riche comme Lui. Il est le possesseur des cieux et de la terre. À son service, Il a le monde des anges et Il vit dans les délices du troisième ciel. Mais Il s’est appauvri. Il naquit à Bethléhem dans une étable, sans un berceau. Son père ? Un pauvre charpentier de Nazareth. Sa mère ? Une humble habitante des montagnes de Judée. Aussi, l’Écriture Sainte dit : « Il a vécu dans la pauvreté » (2 Cor. 8:9). Personne avant Lui ni personne après Lui n’a jamais été et ne sera pauvre comme Il le fut. Pour vous convaincre de ce que j’avance, lisez Son histoire dans les évangiles.

Jésus vint sur la terre porter aux hommes le glorieux message, du salut. Quand il s’agit du salut, je dois vous dire tout de suite que dans ce domaine vous êtes la classe privilégiée. Les propres paroles du Sauveur furent : « L’Évangile est annoncé aux pauvres » (Matt. 11:5). Dans votre existence, vous avez été peut-être souvent déçu dans votre attente quand vous espériez quelque secours d’une œuvre philanthropique, d’un parent, d’un passant, d’un comité d’assistance. Avez-vous déjà dit votre peine à Jésus ? Il a dit : « Quiconque demande, reçoit » (Luc 11:10). Quiconque, c’est vous qui lisez ces lignes. Demander est l’acte requis ; recevoir est le résultat. Jamais personne n’a tendu en vain la main, à ce grand Ami.

Vous serez peut-être surpris d’apprendre que votre histoire se trouve racontée dans les pages des saints évangiles. Aussi, je me hâte de vous la dire. Dans le voisinage d’une ville appelée Jéricho, un pauvre aveugle mendiait. Entendant le bruit d’une grande foule qui passait, il demanda ce dont il s’agissait. On lui répondit : « C’est Jésus le Nazaréen » (Luc 18:37). Alors, sa prière plaintive fut : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi » (Luc 18:38). Les foules lui enjoignent de se taire. « Le grand prophète, semblent-elles dire, ne peut s’occuper de toi. Tu n’as pas un grand nom sous le soleil, ni de maison à Jéricho. Tu ne pourrais citer le nom de ta rue, et encore moins celui de ta demeure ». Mais Jésus, ému au cri de ce pauvre ignoré, s’est arrêté. Le voyez-vous ? Celui qui commande au soir et au matin, aux flots de la mer, Celui qui est le Dieu de toute chair, ordonnant qu’on Lui amène l’aveugle ? Et, quand cet homme approche, Jésus l’interroge. Que va-t-Il lui demander ? Es-tu pauvre ? Pourquoi et depuis quand l’es-tu ? Non, mais « Que veux-tu que je te fasse ? » (Luc 18:41). L’aveugle aurait pu dire : « Seigneur, que tu m’enrichisses ». Et le Seigneur aurait pu enrichir ce déshérité. Mais le cri du cœur de cet infirme est : « Que je recouvre la vue ». À l’instant son vœu le plus cher fut exaucé. Et il suivit Jésus (Luc 18:43).

Nous sommes obligés de parler d’une misère : la misère morale. Savez-vous que tout homme est dans la nuit ? Aveugle et ruiné, l’homme a besoin d’un Sauveur. Ensuite chaque homme a une dette envers Dieu. Cette dette est impayée tant que nous ne nous sommes pas tournés vers le Fils de Dieu. Quand on est pauvre, on ne peut s’acquitter de ses dettes et les créanciers vous accablent. Quelle est cette dette ? Votre conscience ne vous reproche donc rien ? N’avez-vous jamais foulé aux pieds la loi de Dieu ? Cette loi sainte et rigide, fait entendre sa voix ; elle réclame la sentence contre la violation de ses droits outragés. Connaissez-vous l’article premier du code sacré : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur » (Matt. 22:37). Voici l’article dernier : « Tu ne convoiteras pas » (Rom. 13:9). Avez-vous toujours aimé Dieu de tout votre cœur ? Non, soyons sincères. Moi non plus, je ne l’ai pas fait. Par contre, nous nous sommes rendus coupables, de ce que la loi défend. Nous sommes donc passibles du jugement. Aussi, il vous faut quelqu’un qui prenne votre cause en main. Et c’est ce que Jésus a fait. Il est allé à la croix et sur ce sombre gibet, Il a expié les péchés de tous ceux qui croient en son œuvre bénie. La dette étant payée, la rançon étant versée, nous avons La paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ. Nous apprenons aussi, ô mystère, que Dieu nous a bénis de toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes, en Christ. Salomon a dit : « La bénédiction de l’Éternel est ce qui enrichit » (Prov. 10:22). Aussi, nous pouvons lire ainsi la déclaration de l’apôtre Saint Paul : « Il nous a enrichis de toute richesse dans les lieux célestes en Jésus » (Éph. 1:3).

Pauvres, nous l’étions ; misérables, nous l’étions aussi. Le croyant est maintenant riche d’une richesse dont l’inventaire est impossible. Et tout est en sûreté dans les lieux célestes.

Laissez-moi vous adresser encore cette supplication : « Demandez… demandez ». Adressez-vous à Celui qui donne et qui pardonne. Ne voulez-vous pas le faire après la lecture de ces lignes ? Votre sort sera changé. Votre cœur débordera de joie. Vous connaîtrez pour vous-même cette vérité bénie : « Étant riche, Il a vécu dans la pauvreté » (2 Cor. 8:9), c’est-à-dire : « Jésus, le Fils de Dieu, le Sauveur des pécheurs », « afin que par sa pauvreté, vous fussiez enrichis ». Puissiez-vous, ami lecteur, savoir pour vous-même ce que l’Écriture appelle, « les richesses de sa grâce » (Éph. 1:7 ; 2:7), « les richesses de la gloire » (Rom. 9:23), et « les richesses insondables du Christ » (Éph. 3:8). Souvenez-vous que « Dieu est riche en miséricorde » (Éph. 2:4). Or, c’est précisément de miséricorde dont nous avons besoin. La miséricorde de Dieu vous épargnera le châtiment que vous avez justement mérité à cause de vos péchés et la grâce vous donnera ce que vous n’avez pas mérité. Ne jetez pas cette petite feuille que vous venez de lire mais à cause de la valeur infinie de votre âme venez aujourd’hui même au Sauveur.

 

Ton douloureux trépas abolit nos crimes ;

Sous nos pieds tu fermas les affreux abîmes.

Gloire au Fils du Très-Haut !

Gloire à toi, saint Agneau !

Nous te louons, Seigneur, Toi dont la souffrance

Nous acquit paix, bonheur, pleine délivrance !

 

Oui, pour nous enrichir du ciel, de Toi-même,

Tu daignas t’appauvrir, Toi, le Dieu suprême.

Gloire au Fils du Très-Haut.

Gloire à Toi, saint Agneau.

Reçois de notre cœur l’amour et l’hommage ;

Qu’il soit, divin Seigneur, à toi sans partage.

 

« Tel fait le riche et n’a rien du tout ; et TEL SE FAIT PAUVRE ET A DE GRANDS BIENS » Proverbes, chap. 13, verset 7 — « Or il s’y trouva UN HOMME PAUVRE et sage, qui délivra la ville par sa sagesse ; mais PERSONNE NE SE SOUVINT DE CET HOMME PAUVRE » Ecclésiaste, chap. 9, verset 15 — « Car vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, comment ÉTANT RICHE, il a vécu DANS LA PAUVRETÉ POUR VOUS, afin que par SA PAUVRETÉ vous fussiez ENRICHIS » — Deuxième Épître aux Corinthiens, chap. 8, verset 9 — « Digne est l’Agneau qui a été immolé, de recevoir la puissance, ET RICHESSE, et sagesse, et force, et honneur, et gloire, et bénédiction » Apocalypse, chap. 5, verset 12.

 

 

3 - Aux Isolés

Maurice Capelle

D14

 

« Je suis devenu semblable au pélican du désert ; je suis comme le hibou des lieux désolés. Je veille, et je suis comme un passereau solitaire sur un toit » (Psaume 102 :6-7).

 

C’est à vous, isolés, que j’apporte aujourd’hui un message. Vous devez, je n’en doute pas, trouver le monde bien grand, bien vaste, si vous êtes seuls sur la route du temps, n’ayant pas un cœur ami à qui vous pouvez confier vos peines, et dont vous puissiez éprouver la bienfaisante sympathie. Où sont les vôtres ? Ma question réveille peut-être chez vous quelque souvenir bien douloureux. Oui, où sont les êtres chers dont l’affection vous était si précieuse ? Les uns après les autres ils sont partis et vous ont laissés. Ils furent moissonnés par la faucheuse impitoyable : la mort. Le père est parti ; la mère aussi. Peut-être, ce sont les enfants qui vous ont quittés ; qui sait si je ne m’adresse pas en cet instant à quelqu’un qui pleure une femme chérie ou un époux aimé ? Vous êtes maintenant seul. Toutefois, il vous reste quelque chose. C’est ce que j’appellerais, si je puis m’exprimer ainsi « l’écrin du souvenir ». Mais cet écrin est désormais vide. Les joyaux en sont partis. Où sont-ils ? Leurs restes mortels reposent là-bas ; sous le gazon du cimetière. Encore, il est possible que ce soit une maladie contagieuse dont vous êtes atteint, qui a éloigné de vous amis et connaissances. Toutes les hypothèses dans ce domaine sont, n’est-ce pas, permises ? Il me vient encore une pensée à l’esprit : cette feuille pourrait peut-être atteindre un prisonnier isolé du reste de la société, entre les murs de sa cellule.

Cher lecteur, alors même que vous auriez été abandonné par une tendre mère et qu’ainsi, il semble que vous ne pouvez plus désormais compter sur aucun secours humain, je viens vous dire : courage ! Il y a de l’espoir pour vous, pauvre isolé que vous êtes, si seulement vous voulez écouter. Écouter quoi ? L’écho d’une promesse qui fut faite dans les jours d’autrefois. Laissez cette parole descendre dans votre cœur, et au sein de votre solitude recevez ce message divin. « Dieu fait habiter en famille ceux qui étaient seuls » (Ps. 68:6). Voilà le message. Mais il faut que vous sachiez que Jésus, Celui que l’on pourrait appeler « le Grand Isolé », a connu dans toute leur poignante réalité les circonstances décrites dans les versets qui figurent en tête de ces lignes. Jésus fut seul sur la croix lorsqu’Il but la coupe amère de la colère de Dieu à l’égard du péché. Pas un cœur ne vint répondre à son cri douloureux : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matt. 27:46). Ah ! Le Seigneur de gloire a connu l’exil du Calvaire, les solitudes du Golgotha. Il fut comme le pélican du désert, comme le hibou des lieux désolés, comme un passereau solitaire sur un toit. Il fut crucifié en faiblesse. Ses mains et ses pieds furent percés. Sa tête fut couronnée d’épines et, au-dessus de cette auguste face, sur laquelle avaient ruisselé d’infâmes crachats, il y avait un ciel d’airain. Jésus fut abandonné de Dieu. Regardez cher lecteur, le Fils de Dieu mourant pour nos forfaits. Il fut le grand isolé ; Il fut comme le hibou des mornes solitudes, au sein de la plus sombre nuit. Vous qui êtes seul sur le sentier de la vie, portez vos regards vers cette croix. Jésus est votre ami. Dites-lui votre peine ; épanchez votre cœur dans le sien. Le Seigneur Jésus est maintenant dans le ciel, et la gloire ne l’a pas changé. Tel Il était hier, lorsque de ses pieds saints Il foulait cette terre, tel Il est aujourd’hui alors qu’Il se trouve assis sur le trône de son Père. Jésus vous répondra. Mais tout premièrement, il faut que vous connaissiez Jésus comme votre Sauveur. Si vous vous rendez à présent à son invitation, vous verrez combien c’est facile de traiter avec Lui la question des péchés. Quel bonheur de pouvoir dire : « J’ai la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ ! » Cette question étant réglée vous trouverez alors une grande famille. Dans l’évangile selon Jean, nous lisons : « À tous ceux qui l’ont reçu, Il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu » (Jean 1:12). Croyant au Seigneur Jésus, vous ferez désormais partie de la maison de la foi. Ainsi, vous ne serez plus seul.

Il y a un lieu où immanquablement on est laissé seul par tous : parents, amis, compagnons. C’est la vallée de l’ombre de la mort. Quand on connaît Jésus comme son Sauveur, on peut dire avec le psalmiste David : « Tu es avec moi : ta houlette et ton bâton, ce sont eux qui me consolent » (Ps. 23:4). Heureuse part que celle du racheté ! Jésus est son Sauveur, son Conseiller et son Guide. Sa divine présence est éprouvée dans la sombre vallée et avec Lui, le chrétien sera pendant l’infini de l’éternité.

Cher lecteur, je dois encore vous dire que si la solitude est pénible et difficilement supportée dans ce monde, c’est peu de chose en comparaison de ce que cette solitude sera plus tard pour l’âme qui aura refusé Christ et le salut qu’Il offre libéralement à tout pauvre pécheur qui reconnaît maintenant sa misère. Au chapitre 22 de l’évangile selon Matthieu il est question d’une parabole du royaume des cieux. Il s’agit des noces du fils du roi. Dans la salle des noces le roi, étant entré pour voir ceux qui étaient à table, aperçut là un homme. Cet homme n’était pas vêtu d’une robe de noces. Le roi aussitôt de lui dire : « Ami, comment es-tu entré ici, sans avoir une robe de noces ? » (Matt. 22:12). À cette question l’homme ne put fournir une réponse. Nous lisons en effet : « Et il eut la bouche fermée ». C’est la première chose concernant ce malheureux : sa bouche est fermée. Lorsque les pécheurs sans repentance auront à se tenir devant le Juge suprême, lorsque leur acte d’accusation sera dressé, leurs bouches aussi seront fermées. L’homme cessera de parler et de se justifier. Plus de raisonnements, plus de vaines paroles et de mensonges ! Plus de folies exprimées pour faire fuser les rires des camarades ! Ou pour faire pleurer ! Ou pour séduire et égarer ! Non ! c’est le silence éternel qui lui sera imposé. Ensuite le roi dit aux serviteurs : « Liez-le pieds et mains, emportez-le, et jetez-le dans les ténèbres de dehors » (Matt. 22:13). Oui l’homme qui aura vécu et qui sera mort sans Christ, ne pourra plus en ce jour faire sa volonté. Il sera emporté loin de Dieu. C’est Lui qui l’ordonnera et son commandement sera exécuté. « Emportez-le, loin de Moi ». Le pécheur inconverti sera aussi lié. Celui qui aura résisté aux appels du Sauveur, sera lié comme un malfaiteur, car le rejet de l’évangile est aux yeux de Dieu, l’acte le plus grave dont une créature humaine puisse se rendre coupable. Résister à l’évangile, c’est résister au Fils de Dieu. Toute liberté sera ôtée à celui qui aura commis ce grand péché. Les pieds portent l’homme dans ce monde. Les mains, hélas ! il s’en sert pour déshonorer Dieu par toutes sortes d’actions. Dans l’éternité, il n’y aura plus toutefois de courses folles, plus de travail pour tuer le temps et chasser l’ennui. Toute activité cessera. Tout est figé, silencieux, immobile. Telle sera l’affreuse situation des coupables dans les ténèbres de dehors. « Là seront les pleurs et les grincements de dents » (Matt. 22:13). Remarquez bien encore qu’il sera complètement inutile de faire de quelconques efforts pour sortir de cette éternelle nuit. Les pieds et les mains sont liés et il faut rester là. Il sera impossible d’atténuer ou d’amoindrir une souffrance qui au contraire augmentera toujours : Seul, éternellement seul, seul avec lui-même, avec son péché et avec son chagrin, dans les pleurs et les grincements de dents, voilà le partage effrayant de celui qui aura méprisé la grâce !

Au récit de ces noces, il est ajouté ces paroles : « Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus » (Matt. 22:14). Cela veut dire qu’il y en a beaucoup qui sont conviés au festin de la grâce mais qu’il y en a peu qui répondent à cette invitation qui leur est si généreusement offerte. Ah ! ne renvoyez pas à demain pour venir à Jésus. Vous qui êtes seul, venez maintenant à Christ. Acceptez le salut que l’on trouve par la foi dans le sang de Jésus répandu sur la Croix. Vous ne serez plus seul, isolé, solitaire. Vous ferez désormais partie d’une grande famille, car il est écrit : « et je vous serai pour Père, et vous vous me serez pour fils et pour filles ! dit le Seigneur, le Tout-Puissant » (2 Cor. 6:18). Lecteur, n’aimeriez-vous pas faire partie dorénavant « de la maison de la foi » ? (Gal. 6:10). Cette bénédiction peut être déjà la vôtre, dans le temps actuel, car le chrétien marche par la foi. Et pour l’éternité, vous serez avec ces myriades qui adoreront et entoureront Jésus, Celui qui, par amour pour vous fut Seul sur le bois. Ami, regardez aujourd’hui au Sauveur.

 

Ô vous qui souffrez, isolés,

Venez, Jésus vous aime ;

Pour le troupeau des désolés

Il s’est donné Lui-même.

Il veut remplir votre cœur

Et de paix et de bonheur ;

Triste et seul, il ne l’est plus :

Gloire, gloire à Jésus.

 

Vous qui tremblez sous la terreur

Que la mort vous inspire,

Venez, Jésus le Rédempteur

A détruit son empire.

Avec Lui nous revivrons,

Avec Lui nous régnerons,

Et la mort ne sera plus :

Gloire, gloire à Jésus.

 

« L’opprobre m’a brisé le cœur, et je suis accablé ; et j’ai attendu que quelqu’un eût compassion de moi, mais IL N’Y A EU PERSONNE,… et des consolateurs, mais je n’en ai pas trouvé. Ils ont mis du fiel dans ma nourriture, et, dans ma soif, ils m’ont abreuvé de vinaigre » Psaume 6, versets 20 et 21 — « Mais tout ceci est arrivé, afin que les écritures des prophètes soient accomplies. ALORS TOUS LES DISCIPLES LE LAISSÈRENT ET S’ENFUIRENT » Évangile selon Matthieu, chap. 26, verset 56 — « Et vers la neuvième heure, Jésus s’écria d’une forte voix, disant : Éli, Éli, lama sabachthani ? c’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Évangile selon Matthieu, chap. 27, verset 46.

 

 

 

 

4 - Ce que nous avons vu de nos yeux

Maurice Capelle

D30

 

« Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole de la vie » (1 Jean 1:1).

Dans le cours de sa brève existence, l’homme peut voir bien des choses. En tout premier lieu, l’homme peut contempler la Création. Celle-ci se présente comme une vaste et grandiose exposition, dans laquelle le Créateur permet à la créature d’admirer et l’infiniment petit et l’infiniment grand.

C’est incontestablement un magnifique spectacle que de voir un lever de soleil. N’est-il pas écrit : « Il sort comme un époux de sa chambre nuptiale ; comme un homme vaillant, il se réjouit de courir sa carrière. Sa sortie est à un bout des cieux, et son tour jusqu’à l’autre bout, et rien n’est caché à sa chaleur » (Ps. 19:5-6). Quel flambeau ! Quel astre de feu !

Mais, lecteur, n’y a-t-il pas une immense différence entre le lever et le coucher du soleil ? Entre le moment où il paraît et le moment où il disparaît ? Entre le matin et le soir ? L’aurore et le crépuscule ? Oh ! oui… Dans l’histoire d’un jour, que de péchés ! que de tristesses ! que de chagrins ! On fait des expériences amères. On rencontre des déceptions. Et, quand l’astre descend rapidement à l’horizon, alors, oui alors, une grande brèche a été faite dans notre courte existence. Le soleil dispense partout la prospérité, du moins sous nos latitudes. Mais il est aussi un grand meurtrier. Ses victimes ? Oh ! je ne parle pas de ceux qui sont morts sous l’équateur, atrocement brûlés par les rayons torrides du soleil. Je ne parle pas de ceux qui ont succombé d’une insolation pendant la canicule. Les victimes ? Lecteur, c’est vous et c’est moi. Tous, nous sommes de pauvres victimes. Car le soleil est le grand régisseur du temps. Il est l’aiguille de la grande horloge. Le soleil nous annonce chaque jour combien notre passage sur la terre est de courte durée.

Je trouve absolument paradoxal que l’on fête l’anniversaire de sa naissance. Quand on sait où l’on va, cela se conçoit. Mais lorsqu’on ne sait pas le lieu vers lequel on porte ses pas, ne croyez-vous pas que c’est pour le moins bizarre ? Réfléchissons à cela. On se réjouit parce que l’on est un peu plus loin de son point de départ. On se congratule parce que l’on est un peu plus près de son point d’arrivée. En un mot un peu plus près du monde invisible et de l’éternité.

Tous les hommes redoutent l’Au-delà, qu’ils l’avouent ou qu’ils ne l’avouent pas. Eh, quoi ? La terre a bien ses misères et ses souffrances. L’existence n’est pas gaie, sans doute… Mais qu’est-ce que l’autre monde nous réserve ? Le pays sombre de la mort est un sujet d’effroi pour tous les humains. Aussi, on lutte, on combat contre la mort. On l’évite, cela va sans dire. Et, si on la trouve sur son chemin, par tous les moyens, on essaye de lui résister, d’esquiver ses assauts.

Que pouvons-nous voir encore de nos yeux ? Nous voyons le minuscule grain de sable et les montagnes imposantes, les cimes majestueuses. Nous voyons le brin d’herbe, la fleur aux tons si tendres, le chêne immense… Nous pouvons franchir les mers et visiter tous les continents et admirer toutes les merveilles du monde, flore, faune, minéraux et tout ce que cette terre renferme de beau et de précieux. Toutefois, il faut dire que nous n’emporterons rien de tout ce que nos yeux ont vu, lorsque nous passerons par la sombre et morne vallée… de la mort. Peut-être emporterons-nous plus de regrets, plus de chagrin… et c’est tout.

Le sage Salomon a dit : « L’œil ne se rassasie pas de voir… » (Eccl. 1:8). Et après le travail du Créateur, nous pouvons considérer le travail de la créature. Ici lecteur, permettez-moi une petite digression. Ce qui sort des mains de Dieu est propre à être porté sous le microscope. Je m’en vais même beaucoup plus loin : augmentez autant que vous le voudrez la puissance de vos lentilles. Augmentez l’éclairage autant que cela sera possible. Que verrez-vous ? Que contemplerez-vous ? Une minutie, une perfection dans les détails… qu’il s’agisse de l’aile du papillon ou de la patte d’une araignée.

Il faut procéder tout autrement avec les productions du génie humain. Il est banal de dire qu’il faut un certain recul pour admirer un monument ou un tableau. Enfin, quoi qu’il en soit, qu’il s’agisse d’une chose ou d’une autre, rien ne nous sera d’aucun secours lorsque nos yeux seront obscurcis par le voile épais de la mort. Car voyez-vous, lecteur, il nous faut absolument compter avec elle.

Dans son propre travail, l’homme trouve aussi une satisfaction. Achevé, il se complaît à le considérer. Les uns ont fait édifier une maison ou une ville. D’autres ont planté un jardin. Parfois, un parc magnifique a surgi, là où précédemment il n’y avait rien… Ces choses ont été faites dans la pensée qu’elles allaient nous survivre. Nous sentons que nous sommes passagers, éphémères et nous voudrions perpétuer la mémoire de notre nom. Nous aimerions que notre nom soit cité en rapport avec un monument, une œuvre d’art, peinture ou sculpture, mobilier ou quoi que ce soit. On s’estime très heureux quand, de son vivant, il y a une rue ou une avenue, un square, une place qui porte notre nom (Ps. 49:11). Mais, lecteur, j’en reviens toujours à ce que je disais : Quel profit aurons-nous de ces choses quand nous arriverons à la frontière du pays où l’on ne travaille plus ?

Hélas ! Il est un lieu où, les yeux étant ouverts, on ne voit plus. C’est le pays de la nuit. Et quelle nuit ! Sur cette terre, il est très rare que la nuit soit sans un rayon de lune ou sans la clarté blafarde d’une étoile. Mais, dans le pays vers lequel tous les humains se dirigent, il n’y a aucune clarté. Le soleil est absent. La lune est absente. Les étoiles sont absentes. Le matin ne vient jamais. Oh ! les horreurs indescriptibles de cette nuit.

J’ai dit que tous les humains portaient leurs pas vers ce sombre lieu. Oui, tous ceux qui ont aimé le péché et qui aiment le péché, et qui ont refusé de régler une fois pour toutes, devant Dieu, cette terrible question du péché. Cette petite feuille est lancée comme la feuille d’un arbre qui est emportée par le vent. Nous les avons tous vues ces feuilles d’automne tourbillonnant au vent… Et cet écrit atteindra peut-être une personne qui aime le péché et qui se complaît dans le péché. Attention ! Je suis placé sur votre route uniquement pour vous dire, que le péché n’est plus… au pays dont je vous ai entretenu, mais les épouvantables conséquences du péché demeurent… et pour l’éternité.

Quelqu’un dira : « Je traîne en effet, une bien lourde chaîne… Oh ! Si vous pouviez lire dans mon cœur. J’ai une lassitude poignante. J’en ai assez. Le péché m’a abominablement trompé. Il m’avait beaucoup promis dans les jours de ma jeunesse… » Lecteur, je vois de grosses larmes couler sur des joues flétries. Je vois des vies ruinées, perdues, gaspillées… Des cœurs ulcérés, meurtris.

Vaincus ! Désespérés ! Prenez courage ! La CROIX DE GOLGOTHA est pour les vaincus. Regardez le Christ de Dieu, mourant dans la honte et le mépris. Il est sur le bois Celui que le ciel adore. Regardez-Le ! Détournez résolument vos regards de vous-mêmes ! Son cœur ? Jésus avait dit : « Je suis débonnaire et humble de cœur » (Ps. 69:20). Sur la Croix du Calvaire, l’Homme de douleurs dit : « L’opprobre m’a brisé le cœur… » Ah ! Le cœur du Sauveur fut brisé. Son corps ? Il y aurait beaucoup à dire sur le corps de Jésus. Sachez, ami lecteur, que l’offrande du corps de Jésus fut faite une fois pour toutes.

Pouvez-vous dire, que Christ a porté vos péchés en Son corps sur le bois ? Écoutez cette merveilleuse déclaration de l’apôtre saint Jean : « Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole de la vie… » (1 Jean 1:1). Cet apôtre insiste tout particulièrement sur le fait qu’il a vu. Il dit encore : « Nous avons vu… ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons… » (1 Jean 1:2-3).

Oh ! Lecteur, avez-vous vu ce que l’apôtre avait vu ? La vie éternelle manifestée dans la personne de Christ ici-bas ? Vous êtes-vous arrêté devant la Croix ? Ou n’avez-vous jamais eu une pensée pour le divin Crucifié ? Il faut que je vous dise encore trois choses.

J’ai vu Jésus, là-bas, au sombre Calvaire. Je L’ai vu élevé entre le ciel et la terre sur une potence sinistre au lieu appelé Crâne. Ses mains et ses pieds étaient percés. Sa tête était couronnée d’épines. Son cri douloureux était : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Ps. 22:1). Il mourait pour moi. Il était mon remplaçant dans ce solennel isolement… Il cherche des consolateurs et Il n’en trouve point, et au-dessus de Sa tête, le ciel est d’airain… Dieu étant sourd à Sa plainte.

Je vois maintenant Jésus ressuscité et monté au ciel. Le Sauveur n’est plus couché dans une froide tombe. Il est assis à la droite de la Majesté dans les splendeurs ineffables de la maison du Père. Je sais bien que l’on continue à représenter Jésus sur la croix. Grâce à Dieu, Il a été sur la croix. Mais Il n’y est plus. L’Écriture Sainte déclare que Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom. Ah ! Lecteur, combien le Sauveur est grand et magnifique. Il est « dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et de tout nom qui se nomme… » (Éph. 1:21). L’exaltation du Fils de Dieu ressuscité et vainqueur de la mort est incomparable.

Bientôt, je verrai Jésus dans toute Sa divine beauté. Il est bien dit que « tout œil le verra ». Mais quand Il viendra avec les nuées, les tribus de la terre se lamenteront. Christ, l’Humilié de la croix, va, revendiquer Ses droits à l’égard de la terre… Et toutes les tribus se lamenteront à cause de Lui. Oui, amen. Mais le croyant — et par grâce je fais partie de cette heureuse compagnie — le croyant verra le Sauveur avec ravissement. Point de terreur. Point de crainte, point d’angoisse. Il vient d’abord pour chercher les Siens. Fait merveilleux : « Quand Il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme Il est » (1 Jean 3:2).

C’est par un regard que l’homme tomba dans le péché. N’est-il pas écrit : « Et la femme vit que l’arbre était bon à manger… » (Gen. 3:6). Il s’agit d’Ève dans le jardin d’Éden. Ce qui la perdit, en tout premier lieu, ce fut la convoitise des yeux. Un regard… et le péché est entré dans le monde. Vous savez, lecteur, qu’il n’y est pas entré seul. Il a amené avec lui l’esclavage du péché, la mort et le jugement. C’est par le regard de la foi que vous pouvez à l’instant même être sauvé. Il faut regarder à Jésus qui mourut pour votre délivrance. Si vous n’avez pas vu le Sauveur expiant vos forfaits, laissez-moi vous le dire, vous n’avez rien vu. Écoutez la voix douce et tendre qui s’adresse encore à vous : « Tournez-vous vers moi, et soyez sauvés, vous, tous les bouts de la terre » (És 45:22).

 

 

 

5 - Aux Visiteurs de l’Exposition de 1935.

Maurice Capelle

 

Aimables visiteurs de la grandiose Exposition de Bruxelles 1935, j’ai pour vous un court mais émouvant message.

Vous avez parcouru les différents pavillons et votre admiration et votre stupéfaction ont été sans cesse renouvelées, en présence des manifestations si variées du génie humain. Il est bien vrai que les nations ont rivalisé entre elles d’intelligence, d’habileté, d’adresse pour charmer vos yeux. On a voulu vous instruire et eu même temps, vous distraire. Sans conteste ces buts ont été pleinement atteints. Et le mot « succès » se trouve dans toutes les bouches.

Il convient, peut-être, de mentionner d’une manière toute spéciale le « machinisme ». Plus que jamais, ses progrès avancent à pas de géant. Quelle ingéniosité dans la conception ! Quelle précision dans l’exécution ! Honneur aux ingénieurs qui ont élaboré les plans ! Honneur aux rudes travailleurs qui ont coulé, forgé, tourné, ajusté, rivé les différentes pièces !

Remarquez bien que le nom de ceux qui se sont grandement distingués, ne sont pas inconnus. Il est bien juste, en effet, que les hautes qualités professionnelles et la valeur morale reçoivent leur consécration dans les éloges d’un jury compétent et impartial.

Mais il est une autre Exposition dont je voudrais vous entretenir un instant. À l’opposé de celle que vous visitez aujourd’hui, cette exposition est permanente. De plus son entrée est gratuite. Elle ne comporte qu’un seul et unique exposant. Les œuvres furent exécutées sans le secours d’aucun collaborateur. Du grand Exposant, personne ne fut le conseiller. Il ne s’agit pas, dans la Grande Exposition, de choses vieilles qui ont été perfectionnées ; il s’agit de chefs d’œuvre entièrement nouveaux.

Sans plus tarder, il faut que je vous dise le nom de l’Auteur de tant de merveilles. Son nom ? C’est Jésus. Savez-vous qu’Il est le Grand Créateur des Cieux et de la Terre ? Oh ! Combien j’aimerais être plus qualifié pour vous parler des œuvres de Jésus ! Il a produit toutes les matières premières. L’infiniment petit, sorti de Ses mains, nous confond au même titre que l’infiniment grand. Tout ce qu’Il a fait est merveilleux : le grain de sable au rivage des mers et les imposants sommets recouverts de neiges immaculées ; la fleurette aux tons si finement nuancés et l’étoile d’or qui scintille au firmament ; la goutte d’eau irisée de mille couleurs et l’ouragan formidable sur l’océan déchaîné ; la grande Ourse et le ver luisant. Ces choses proclament la sagesse et la puissance éternelle de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.

Ah ! lorsqu’il s’agit des productions variées du génie humain, la science et l’art commandent le respect. On se découvre très bas devant une grande figure scientifique. Mais, lorsque Jésus est venu dans ce monde, « le monde ne l’a pas connu » (Jean 1:10) et, « les siens, ne l’ont pas reçu » (Jean 1:11).

Et maintenant, j’aimerais vous parler d’un autre spectacle. C’est celui qui s’est offert aux hommes, aux anges et aux démons, quand le Fils de Dieu a été élevé sur la croix du Golgotha. Ah ! la sombre et triste journée du Calvaire ! Au lieu appelé du Crâne, Christ, le Fils bien-aimé du Père est mort à cause de nos innombrables péchés. Jésus a été la Sainte et Glorieuse Victime dont le sang immaculé a coulé sur l’autel du sacrifice. Il fut exposé sur le bois maudit, aux ardeurs d’un soleil dont Lui-même était le créateur ; le point de mire, l’objet de tous les rires et de tous les sourires…

Lecteur ! Avez-vous été le témoin de cet infâme supplice auquel fut soumis le Sauveur des pécheurs ? Jésus mourut pour vous. Quel amour que Son amour ! Les tourments les plus inhumains et les plus cruels lui furent versés à plein bord. Les sarcasmes, la moquerie, les chants des buveurs… Christ a tout entendu et a tout supporté.

Mais voici le ciel qui, soudainement, subitement, en un instant, se voile… À l’horloge divine, l’heure de l’expiation a enfin sonné. Pendant de longs siècles la question du bien et du mal était pour ainsi dire pendante. Qu’est-ce que Dieu pense du mal ? Le péché ne sera-t-il donc pas condamné ? Où est la justice de Dieu ? Sa sainteté serait-elle un vain mot ? Il avait bien été dit autrefois que Dieu était « magnifique en sainteté » (Ex. 15:11). Mais le mal sera-t-il donc toujours impuni ?

Le mal hideux va recevoir sa juste récompense. Lecteur ! Pendant six heures, six heures uniques, le Fils de l’homme a été attaché sur le gibet, les mains saignantes, les pieds percés par les clous, le front meurtri, les lèvres brûlantes, la langue attachée au palais. L’Écriture Sainte déclare que Jésus a été « fait péché pour nous » (2 Cor. 5:21). Quel abîme de souffrances fut la part de l’Homme Christ Jésus !

De tout ceci soyez-en bien certain, lecteur, on en parlera dans le Ciel ! Aux siècles des siècles, on s’entretiendra des douleurs de la Croix et de l’amour de notre divin Jésus. Les rachetés contempleront avec un saint ravissement le Sauveur ressuscité et glorifié. Puis-je vous demander si vous unirez votre voix au concert de là-Haut ? Pouvez vous dire que Jésus est votre Sauveur ? Il faut qu’il y ait entre votre âme et le Sauveur des pécheurs un lien réel, vivant, parfait, présent et personnel. Ce lien, c’est la foi.

Ami lecteur ! Je vous quitte à regret. J’ai essayé de diriger vos regards vers le Seigneur Jésus. Vous allez enfouir cette petite brochure dans votre poche. Mais, je désire encore me faire l’écho de la plus merveilleuse déclaration qu’il ait jamais été donné aux habitants de la terre d’entendre. La voici : « Car Dieu a tant aimé le monde, qu’Il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3:16).

 

« Et toutes les foules qui s’étaient assemblées à ce spectacle, ayant vu les choses qui étaient arrivées, s’en retournaient… » (Évangile selon Luc 23:48).